Alors que l’éclairage public pèse dans les dépenses des collectivités locales, sur l’environnement et dérègle le fonctionnement de la biodiversité, des lampadaires de nouvelle génération – qui produisent leur propre énergie et sont pilotés par la technologie – apparaissent dans de nombreux projets de smart cities.
C’est au XIVème siècle, à Paris, qu’une lanterne a été allumée de nuit pour la première fois en haut de la Tour de Nesle, à proximité du Louvre. Par la suite, sous le règne de Louis XIV, la généralisation de l’éclairage public donnera à la capitale française son surnom de “ville lumière”.
Mais, longtemps considérée comme un gage de sécurité, la lumière en ville est désormais reconsidérée au vu de ses impacts environnementaux mais aussi économiques. Ainsi, l’éclairage public représente en moyenne 44% de la consommation d’électricité des collectivités françaises. Du point de vue environnemental, les 11 millions de points lumineux que compte notre territoire sont – et c’est une chance – alimentés par une énergie largement bas-carbone. Néanmoins, selon l’ADEME, entre 30% et 40% de cette énergie est perdue à cause d’installations mal proportionnées (des éclairages de stade de football qui illuminent le ciel par exemple) ou à cause d’ampoules et de néons inadaptés.
Par ailleurs, la pollution lumineuse n’est pas sans conséquence sur la biodiversité et la santé humaine. Les insectes et leurs prédateurs nocturnes sont ainsi désorientés par les incessantes lumières de l’activité humaine. C’est aussi le cas des oiseaux migrateurs tout comme celui de la faune aquatique, désorientée par l’éclairage sur et parfois sous les ponts.
Et si la loi commence à s’intéresser au sujet (depuis le premier juillet 2018, il est ainsi fait obligation aux enseignes commerciales de couper l’éclairage entre 1h et 6h du matin), c’est surtout du côté de la technologie que viennent les principales solutions pour remédier à ces problèmes.
Capteurs de présence et lampadaires connectés au service de la ville durable ?
À Bordeaux, l’écoquartier du stade Matmut Atlantique est ainsi équipé de capteurs sur les luminaires publics afin de pouvoir les piloter à distance et réduire les consommations d’énergies. Même dispositif à Dijon où la ville souhaite réduire sa facture grâce à un éclairage intelligent qui permet de moduler l’éclairage des parcs de la ville grâce à des capteurs de présence. À Angers, ce sont 3 600 capteurs de présence qui vont être installés sur les éclairages publics afin de n’éclairer qu’au passage d’un piéton ou d’un véhicule.
Cette émergence des objets connectés dans le mobilier urbain permet aux collectivités de repenser leur approche de la lumière en ville afin de réduire les consommations inutiles. D’autant qu’après les LED, de nouvelles générations de luminaires sont en train d’arriver sur le marché. Équipés de panneaux solaires, ils permettront bientôt aux lampadaires publics de fonctionner en totale autonomie sans puiser sur le réseau collectif, voire – dans la journée, de venir alimenter ce même réseau. C’est ce que proposent des entreprises comme Lumi’IN ou Sunna Design qui développent ce concept de «solar lighting as a service». D’un centre de coût, l’éclairage public devient ainsi une source de revenus pour les collectivités.
Le développement de ces lampadaires autonomes et connectés pourrait ainsi permettre de réduire considérablement le coût de l’éclairage public ainsi qu’en améliorer l’efficacité tout en cessant de peser sur la biodiversité. Et demain, peut-être que de nouvelles sources de lumière viendront prendre le relais, à l’image de la bioluminescence dont le potentiel est encore inexploité mais pourtant extrêmement intéressant.
Article publié sur www.demainlaville.com
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