L’approche performancielle de la construction durablefavorise l’innovation par la recherche de résultats plutôt que par l’imposition de moyens. On constate combien le numérique est en train de révolutionner en ce sens, la filière du bâtiment.
Avec le BIM (Building Information Modelling) et la maquette numérique, ce sont notamment les architectes et des ingénieurs qui voient leurs pratiques transformées.
Le numérique, ce sont aussi les services offerts dans les bâtiments en service. Ce sont également les objets connectés, et tous les capteurs qui permettent par exemple de mesurer et de contrôler les différentes performances du bâtiment en exploitation ; ce sont aussi tous les services numériques, tels ceux qui aident au maintien à domicile des personnes âgées.
On voit que le numérique à travers des smart buildings et des smart cities, ne représente pas une fin en soi, un simple exploit technologique mais qu’il est au service du développement durable.
Pour encourager la transition numérique et partager leurs bonnes pratiques, une centaine d’acteurs ont signé, fin 2017, la Charte « Bâtiments connectés, bâtiments solidaires et humains » du Ministère de la Cohésion des territoires. Cette charte vise à encourager les démarches volontaires et s’appuie sur un cadre de définition qui peut concerner tout type de bâtiment. Ce cadre a été élaboré conjointement par la Smart Building Alliance (SBA) et l’Alliance HQE-GBC.
Il constitue la base du référentiel du Label R2S – Ready2Services développé par Certivéa pour les bâtiments non résidentiels. Ce Label s’intéresse d’une part à la connectivité, à l’infrastructure réseau et à l’interopérabilité et d’autre part à la sécurité numérique et au cadre de confiance numérique pour que le bâtiment devienne une plateforme de service numérique.
Il est urgent de penser la durabilité urbaine pour répondre aux nombreux défis qui nous attendent : sociétaux, économiques et surtout environnementaux. Car le milieu urbain consomme aujourd’hui environ 75 % des ressources énergétiques et génère près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Quand on pense qu’en 2030, 60 % de la population mondiale sera urbaine…
Pourtant, la ville est aussi, par essence-même, le lieu favorisant les échanges et les interactions entre les individus, le progrès, la culture et le développement. La ville est orientée, par définition, vers l’économie de surface et de moyens et ainsi participe à l’effort de protection de l’environnement. Il s’agit donc de déterminer quelles sont les formes urbaines les plus efficaces et les plus souhaitables pour rendre la ville durable et désirable.
Des outils tels que HQE Aménagement ou sa certification délivrée par Certivéa et Cerway, permettent aux collectivités et aux professionnels de progresser dans la prise en compte de toutes les dimensions du développement durable dans les opérations d’aménagement urbain.
Elles visent par exemple la réalisation des objectifs suivants :
• Assurer l’intégration et la cohérence du quartier avec le tissu urbain et les autres échelles du territoire
• Préserver les ressources naturelles et favoriser la qualité environnementale et sanitaire de l’aménagement
• Promouvoir une vie sociale de proximité et conforter les dynamiques économiques.
• HQE Aménagement est avant tout un outil de gouvernance car une ville durable ne peut se construire sans la participation de toutes les parties prenantes.
Les bâtiments durables économisent les ressources, réduisent les déchets et favorisent l’économie circulaire.
Pour aider les acteurs du secteur du bâtiment et de l’immobilier à mieux appréhender l’économie circulaire et agir, l’Alliance HQE-GBC a publié « le cadre de définition de l’économie circulaire pour le bâtiment ». Ce document, fruit d’une co-construction interprofessionnelle forte et utilisable par tous, est co-signé par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, le Ministère de la Cohésion des territoires, l’ADEME, le CSTB et l’Association OREE.
Ces critères sont aujourd’hui intégrés dans les certification NF Habitat HQE et HQE bâtiment durables. Par les produits et équipements qui le constituent, par sa construction ou sa rénovation, par ses consommations de fluides (eau, énergie…), par ses activités, un bâtiment est une source d’émission de gaz à effet de serre. Pour réduire cette « empreinte carbone », l’éco-conception du bâtiment s’impose avec une ré-interrogation sur les besoins et les solutions pour les satisfaire au mieux.
Les certifications d’ouvrage ont, dès les premières versions, traité les thèmes de l’énergie et du carbone. Mais le changement climatique est devenu un thème majeur, traité de manière spécifique par les certifications récentes fondées sur une approche performancielle. C’est le cas de la certification HQE Bâtiments Durables ou du label BBCA (bâtiment bas carbone), qui imposent de limiter les émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie pour lutter contre le changement climatique. Protéger la planète, c’est connaître les impacts du bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie pour les réduire et en limiter les effets.
Avec l’accord de Paris signé à l’occasion de la COP 21, l’État et les acteurs de la construction se sont engagés vers une ambition sans précédent pour produire des bâtiments à énergie positive et bas carbone. C’est dans ce contexte que l’État a lancé un label volontaire dédié à la valorisation de ces deux objectifs : le label Bâtiment à Énergie Positive & Réduction Carbone (E+C-).
On constate depuis plusieurs années, les effets du dérèglement climatique au travers notamment des évènements climatiques extrêmes : chaleurs et froids excessifs, tempêtes, incendies, inondation, déplacement du littoral etc. Les mesures préventives sont nécessaires mais il est indispensable également d’adapter les constructions durables et les villes aux aléas climatiques afin d’en limiter les impacts. On parle alors de constructions et de villes résilientes.
Les systèmes de certification eux aussi évoluent et s’adaptent aux nouvelles contraintes. Par exemple, la certification HQE traite de la résilience vis-à-vis des risques : capacité du bâtiment à absorber une perturbation puis à recouvrer ses capacités de fonctionnement après des phénomènes extrêmes (canicule, sécheresse, tempête, etc.). (Source : Le cadre de référence du Bâtiment Durable de l’Association HQE).
Respecter l’environnement, c’est prendre en compte la nature qui nous entoure et la biodiversité, vitale pour nous. La planète est un tissu vivant sur lequel le bâtiment a un impact à l’échelle de la parcelle, du quartier et au niveau global. La biodiversité traite des espèces et des milieux qu’ils soient « ordinaires » ou « remarquables » et parfois protégés.
La diversité biologique est indispensable à la survie de l’Homme, tant par son besoin de nature que par les services dont il profite (production de nourriture, régulation du ruissellement, pollinisation, etc.). Le thème de la biodiversité était l’un des volets du Grenelle de l’Environnement en 2017, elle est devenue au fil des ans une préoccupation majeure de notre société. Une association, Conseil International Biodiversité et Immobilier (CIBI), a été créée pour promouvoir les meilleures pratiques en matière de biodiversité. Les labels Biodivercity®, dont elle est à l’initiative, sont les outils principaux au service d’un objectif fort : créer des lieux et des espaces de vie accueillant du vivant qui soient exemplaires en termes économiques, socioculturels et fonctionnels. A l’échelle des quartiers, ce label contribue à inventer et à construire une ville bienveillante et résiliente.
Les bâtiments durables favorisent l’accueil de la biodiversité par les surfaces au contact du vivant (toitures, façades, aménagements extérieurs et intérieurs…) et par les équipements destinés à accueillir faune et flore (nichoirs, gîtes, ruches…). Plusieurs thèmes sont pris en compte par la certification HQE bâtiments durables comme le potentiel écologique, la continuité écologique et, l’innocuité envers le vivant.
La construction durable permet de nouvelles formes de coopération, coopération entre les professionnels, coopération avec les futurs utilisateurs, coopération avec les collectivités locales et les riverains.
Le management responsable, 4ème engagement du bâtiment durable, permet de gérer un « projet » en impliquant l’ensemble des acteurs pour mieux répondre à leurs attentes et les satisfaire. Il doit aussi prévoir l’implication des autres acteurs du projet, et en particulier l’information et la formation des usagers du bâtiment, qu’il s’agisse des utilisateurs ou des personnes affectées à son entretien.
Son processus questionne la politique de développement durable du porteur du projet, son organisation, ses ressources et les moyens affectés pour assurer la maîtrise des risques et obtenir le résultat attendu. Il prévoit également la nécessaire implication des autres acteurs du projet. Pour un management responsable, le cadre de référence du bâtiment durable propose trois objectifs :
• Une organisation adaptée aux objectifs de qualité, de performance et de dialogue
• Un pilotage pour un projet maîtrisé
• Une évaluation garante de l’amélioration continue.
La certification au service du développement durable
Dans leur récent guide dédié à la certification des bâtiments durables, les auteurs, Kasper Guldager Jensen and Harpa Birgisdottir, indiquent que les bâtiments durables certifiés surpassent les constructions conventionnelles sur des paramètres environnementaux, économiques et sociaux. Les avantages économiques et sociétaux des bâtiments durables certifiés apparaissent ainsi évidents et, de plus en plus, les certifications sont également utilisées pour attester d’un niveau élevé de qualité lors des phases de conception, de construction et d’exploitation tout en renforçant les politiques de développement durable.
Selon ces mêmes auteurs, dans un monde de croissance et de développement accéléré, les concepteurs, les consultants et les investisseurs doivent constamment répondre aux exigences du développement durable en prenant des décisions éclairées, qui ont un impact important sur l’économie et l’environnement du projet. Or nous constatons que les bâtiments durables doivent répondre à des enjeux de plus en plus nombreux. Aux grands objectifs environnementaux initiaux – l’efficacité énergétique, la réduction des émissions des gaz à effet de serre, la gestion de l’eau et la gestion des déchets – se sont ajoutés d’autres objectifs comme le confort et la santé, l’accessibilité, la biodiversité, les transports, la performance économique etc. Tout ceci en maîtrisant les coûts et donc les prix.
Dans ce contexte en pleine évolution, les certifications fournissent un cadre méthodologique et permettent de démontrer que les objectifs que nous venons de citer, ont bien été atteints.
Par Bruno Mesureur
direction Marketing et Action Internationale
CSTB, et Patrick Nossent
président de Certivéa et Cerway, Groupe CSTB
Source : construction21.org