« Le réchauffement climatique, les économies d’énergie et les problèmes d’analyse du cycle de vie sont des facteurs qui ont contribué à l’expansion rapide des matériaux végétaux pour les bâtiments. »
Mini bio
ofiane est professeur titulaire de l’Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand (2008) et est actuellement coordinateur des matériaux biologiques de l’Institut Pascal – UMR 6602 qui fait partie du CNRS. Son principal domaine d’intérêt concerne la rhéologie du béton, des matériaux de construction biologiques, la caractérisation et l’utilisation de sous-produits industriels et de déchets. À l’heure actuelle, la majeure partie de sa contribution est liée à d’autres matériaux pour la construction et surtout à l’agrégat des plantes pour la conception de béton écologique. Il est membre / président ou coprésident de plusieurs comités ACI et RILEM (TC BBM et HDB) et a également été invité à participer à plusieurs conférences internationales. Il est président de la première et de la deuxième Conférence internationale sur les matériaux de construction biologiques 2015 et 2017, ainsi que la conférence EcoGraFi 2017.
La notion de développement durable à l’échelle locale est souvent liée à des problèmes à l’échelle mondiale, tels que le réchauffement climatique ou l’épuisement progressif des ressources. Tel qu’indiqué à Paris pour la COP 21 puis à Marrakech pour la COP 22, ces deux critères constituent les points de non-retour pour notre civilisation. La préservation de l’environnement est l’une des principales caractéristiques du développement durable avec l’envie de réduire les émissions de gaz à effet de
serre (GES). Les émissions totales de GES par secteur économique en 2010 incluent les émissions directes : 25% pour l’électricité et la production de chaleur, 6,4% pour les bâtiments de construction, 14% pour les transports, 21% pour l’industrie, 9,6% pour les autres énergies et 24% pour l’agriculture, Foresterie et autre utilisation des terres. Quant aux émissions indirectes, elle étaient de : 1,4% pour l’énergie, 11% pour l’industrie, 0,3% pour les transports, 12% pour le bâtiment et 0,87% (INFO MANQUANTE). Pour sa part, le secteur de la construction se heurte à des défis importants en termes de réduction des émissions de GES et de consommation d’énergie en utilisant d’autres matériaux.
L’estimation réalisée en 2009 par l’Agence internationale de l’énergie (entre 3,36 et 3,48 milliards de tonnes en 2015) pour l’évolution à long-terme des exigences de ciment (utilisées dans la construction) est déjà surmontée avec une production mondiale estimée de ciment en 2014 à 4,3 milliards de tonnes, soit une augmentation de 6,7% par rapport à 2013. En résumé, le secteur de la construction lutte contre quatre impacts majeurs sur l’environnement : ses émissions de GES ; sa consommation d’énergie ; sa consommation de ressources naturelles et sa production de déchets. En alternative, les matériaux à base de plantes ont un avantage précieux pour la santé, l’écologie, l’habitat confortable (gestion de l’humidité, thermique et acoustique) et des matériaux durables.
Le réchauffement climatique, les économies d’énergie et les problèmes d’analyse du cycle de vie sont des facteurs qui ont contribué à l’expansion rapide des matériaux végétaux pour les bâtiments, qui peuvent être qualifiés de matériaux multifonctionnels respectueux de l’environnement et efficaces. En ce qui concerne les économies d’énergie, la plupart des codes thermiques en Europe exigent qu’à partir de 2020, tous les nouveaux bâtiments répondent aux critères d’énergie positive. Cette amélioration de la performance énergétique des bâtiments induit des modifications dans la répartition des impacts environnementaux et place la fabrication des matériaux de construction comme la phase la plus importante lorsque la consommation d’énergie diminue de 200 à 15 kWh / m² / an. Ainsi, pour réduire ces impacts, il est logique de progresser vers des matériaux végétaux, dont les impacts sont très limités et peuvent même être positifs sur l’environnement.
Alors, n’est-il pas grand temps que nous considérions le changement de nos façons de construire?
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°154 – Octobre 2017