« Toutes les analyses faites montrent le potentiel exceptionnel du bois dans la construction urbaine. Il apporte une réponse évidente aux demandes sociétales qui s’affirment. »
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Après l’obtention de son diplôme d’Ingénieur de l’ENI de Metz, Pascal TRIBOULOT poursuit sa formation par un DEA puis une thèse en Sciences des Matériaux à l’UTC de Compiègne avant de rejoindre le laboratoire de foresterie de l’université de Tokyo où il est attaché de recherche CNRS. Il est également Pilote du Campus des Métiers et Qualifications Bois et responsable du Campus Bois de l’Université de Lorraine. Professeur de cIasse exceptionnelle, il est Docteur Honoris Causa de l’Université du Québec.
Pour le Maître-d’œuvre utilisant le bois dans ses réalisations, le premier des paradoxes est de construire un bâtiment durable, avec un matériau combustible et au caractère biodégradable affirmé. Cette spécificité conduit à une culture des détails, à des règles de conception et à une collaboration avec l’ingénierie, bien plus fortes que dans d’autres techniques constructives.
Les questions qui se posent sont alors multiples :
les produits d’ingénierie bois conditionnent-ils l’architecture? Ou, au contraire, c’est l’évolution de l’architecture qui impose l’innovation dans les produits d’ingénierie?
L’histoire de l’architecture en bois nous montre que la réponse ne peut être tranchée aussi simplement.
L’architecte répond aux demandes du marché de la construction. Ce marché est exigeant, il veut des produits d’ingénierie permettant de construire toujours plus vite, plus haut, plus large et avec le souci permanent et légitime de la rentabilité économique. Si le béton et l’acier ont su apporter des réponses à ces exigences, le bois a réagi plus tardivement. Il a cependant des atouts qu’il lui reste à exploiter. Le monde de demain sera très majoritairement urbanisé, et la place du bois dans les bâtiments de grande hauteur est une opportunité qui se dessine à travers le développement des panneaux bois de type CLT. C’est une tendance lourde que l’on retrouve dans les grands cabinets d’architecture. Michael Green, l’une des stars de l’architecture mondiale, considère que le bois est une partie de la solution aux problèmes de l’urbanisation galopante et qu’il convient de créer un « effet Tour Eiffel » avec ce matériau.
Toutes les analyses faites montrent le potentiel exceptionnel du bois dans la construction urbaine. Il apporte une réponse évidente aux demandes sociétales qui s’affirment. Porteur d’émotions et de valeurs, il est déjà largement « redécouvert » dans l’architecture contemporaine. Il reste au bois, à travers ses déclinaisons en produits d’ingénierie, à proposer des réponses économiquement pertinentes, pour s’adapter à l’évolution rapide qui se profile : robotique, impression 3D… Le bois peut, à l’image de ce qu’a été la Tour Eiffel dans la verticalité des villes du monde, marquer durablement l’urbanisation de notre planète.
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°154 – Octobre 2017