Pr. Abdeljebbar Diouri Secrétaire général
de l’association ASMATEC
Quel bilan faites-vous de la 1ère édition du CMSS?
Abdeljebbar Diouri : Ce Congrès qui a connu la participation de plus de 460 chercheurs universitaires et industriels venus d’Afrique, d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Australie, représentant 38 pays, a été, de l’avis des participants, un franc succès.
Le CMSS13 a offert trois sessions catégorielles, l’une sur les matériaux et leurs pathologies, la deuxième sur les structures et leur stabilité et la troisième session a traité de la géotechnique et des aspects en relation avec l’environnement.
Une vingtaine de recommandations ont été discutées par les participants et sont proposées dans le but de servir de références aux universitaires comme aux industriels pour les actions et initiatives à prendre au niveau de leurs différentes responsabilités.
Elles concernent deux axes majeurs :
– Axe 1 : Par rapport à l’utilisation des Matériaux:
Dans le but de contribuer au développement durable et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (CO2), les solutions examinées et préconisées devront:
1) Utiliser des ajouts minéraux en complément des ciments en fonction des spécifications propres à chaque construction. Il s’agit :
• – des cendres volantes classifiées et non conventionnelles,
• – des laitiers de haut fourneau,
• – des fillers calcaires,
• – des sables de concassage de granulats,
• – des sables recyclés à partir de la destruction du béton,
• – des déchets de stations d’épuration des eaux,
• – des poudres de verre.
2) Continuer l’exploration des voies de l’activation alcaline pour la production de ciments hybrides
3) Utiliser et promouvoir les bétons fibrés par l’utilisation de différents types de fibres naturelles ou synthétiques.
4) Promouvoir de nouveaux bétons plus respectueux de l’environnement et moins énergivores aussi bien au cours de la production que de la mise en œuvre en favorisant les matériaux ou sous-produits de recyclage.
5) Valoriser des coproduits, comme le coquillage, les copeaux de bois pour des utilisations spécifiques comme dans les pavés drainants ou les isolations thermiques et l’allégement.
6) Approfondir des recherches sur la production de nouveaux clinkers à consommation énergétique faible et moins producteurs de CO2.
7) Encourager l’adoption de nouveaux procédés de clinkérisation et optimisation des procédés de cuisson de clinkers aptes à la résorption de différents déchets industriels.
8) Approfondir les recherches sur l’incorporation des sous-produits minéraux pour améliorer la durabilité aux agressions externes des bétons.
Axe 2 : Par rapport à la stabilité des structures
9) Promouvoir la réhabilitation parasismique des bâtiments existants (historiques et de première importance).
10) Développer la recherche sur les interactions sols-structures et fluides-structures (barrages et bâtiments côtiers).
11) Procéder à la réalisation de microzonage (effet de site) pour tout projet d’aménagement (villes nouvelles, extension de villes existantes, barrages, ports, tunnels, etc.).
12) Étudier la vulnérabilité des versants avant tout projet de construction.
13) Prendre en compte les effets des Tsunamis, de la houle de grande amplitude et l’élévation du niveau de la mer due aux changements climatiques dans les projets d’aménagements côtiers (constructions, équipements).
14) Mettre en place des normes qui prennent en compte le contexte géotechnique.
15) Contribuer à l’élaboration des cartes géotechniques.
16) Développer de nouvelles méthodes et techniques d’approche pour la reconnaissance du sol et du sous-sol.
17) Sensibiliser les intervenants dans le domaine du bâtiment et du génie civil à la nécessité de l’application de codes de constructions parasismiques (exemple, RPS2013), confortée par des logiciels de calcul pour en optimiser et faciliter l’application.
Un autre volet très important concerne l’édition et la publication des actes (proceedings) du congrès. Il s’agit d’abord d’un livre de 660 pages, distribué à tous les participants. Ce document rassemble les résumés de toutes les participations ; il a été édité et déposé sous le N° 2013 MO 2982, ISBN : 978-9954-32-689-3.
Les articles scientifiques dans leurs détails ont été publiés dans la revue spécialisée indexée dans plusieurs bases internationales, c’est la revue électronique « Matec Web of Conferences » Volume 11 (2014). Les articles sont publiés dans trois sous-volumes, le premier dédié aux Matériaux et pathologies contenant 48 articles, le deuxième dédié aux structures et stabilité avec 15 articles et le troisième rassemble 19 articles sur la géotechnique et l’environnement.
Deux revues américaines spécialisées ont aussi publié les articles du congrès, ce sont « Chemistry and Materials Research » Vol 4-5 (2013) avec 34 articles et « Civil and Environmental Research » Vol 4-5 (2013), avec 39 articles.
Le bilan global des articles publiés s’élève à 155 articles qui sont accessibles sur les liens des journaux indiqués et sur le lien de la Faculté des sciences de Rabat :
Nous estimons que c’est un bilan très positif puis qu’il permet de mettre l’université marocaine au diapason international.
Comment se présente la 2ème édition du CMSS?
A.D : La deuxième édition du CMSS (http://www.fsr.ac.ma/cmss17/) est organisée avec la participation du RILEM (Union Internationale des Laboratoires et Experts des Matériaux de Construction, Systèmes et Structures) (https://www.rilem.net/) et de l’ATILH (Association Technique de l’Industrie des Liants Hydrauliques).
La participation de ces deux grandes associations qui œuvrent dans le même domaine et sont très connues à l’échelle internationale permet à notre jeune Association d’établir plus de relations et contribuer ainsi à la création de la synergie scientifique dans le domaine de la construction. A ce propos, j’aimerais signaler la conférence qui sera présentée par son président, M. Johan Vyncke sur « La Terre comme matériau de construction », il donnera également un aperçu sur les activités de RILEM et des innovations récentes en géotechnique. Un autre conférencier d’une expérience et d’un engagement de plus de 20 ans au sein de RILEM donnera une conférence sur les plus récents développements du Béton imprimé en 3D, il s’agit de notre compatriote le Pr. Mohammed Sonebi, diplômé de l’École Mohammadia d’Ingénieurs de Rabat et actuellement Professeur à l’Université Queen’s de Belfast, il est aussi le coordinateur régional pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient au sein de cette Union. Nous envisageons de promouvoir ensemble les activités scientifiques dans ce domaine au Maroc.
Le congrès de cette année connaît une plus grande affluence. Nous avons reçu jusqu’à maintenant plus de 700 résumés et 300 articles qui constituent des demandes de participation venant d’environ 36 pays. Le comité d’organisation et le comité scientifique suivent de prêt la lecture et l’évaluation scientifique des communications prévues.
Nous avons invité environ 40 conférenciers de renommée internationale qui vont animer les conférences plénières sur les 3 jours du congrès. Le programme sera très riche en sujets d’actualité dans le domaine de la construction qui connaît un perpétuel changement. Dans le programme, seront également présentées une centaine de communications orales de 10 minutes et environ 300 présentations (Posters) sur des écrans numériques avec un programme spécifique qui permet l’échange entre les différents participants.
Un espace d’exposition est prévu, il est ouvert aux industriels du secteur pour présenter leurs produits et échanger les informations et les connaissances sur le secteur.
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°154 – Octobre 2017