L’architecte Mounia Chaouni vit depuis cinq ans dans Villa Azagury, la demeure conçue et habitée dans les années ‘90 par l’architecte Elie Azagury. Après sa rénovation par la nouvelle occupante, la maison a perdu cet aspect lugubre voulu par son concepteur. Elle a, en revanche, conservé à la fois son coté intemporel et son cachet représentatif de l’architecture des années ‘40.
Une oeuvre architecturale qui ne prend pas de rides, comme la Villa Azagury, laisse une trace significative dans l’architecture contemporaine d’un pays. « D’habitude, je me lasse des choses. Mais dans cette maison, ce n’est pas le cas. C’est son coté intemporel qui veut ça. Elle vieillit bien ! », nous partage Mounia Chaouni. « Au premier coup
d’oeil, j’ai su que c’était elle, …la maison de mes rêves ! ».
La villa est comme une grande boite, avec deux volumes de part et d’autre. Une portée unique de douze mètres, est matérialisée en un bloc d’un seul tenant. L’espace dégagé à l’intérieur est autant impressionnant que convivial. Les murs sont très épais, ce qui offre l’été une fraicheur intérieure appréciable. L’habitation possède quatre chambres, dont deux se situent au rez-de-chaussée (la chambre principale et une chambre d’amis).
Avant, les façades de la maison étaient peintes en gris, avec des plaques de couleur. La construction suit une trame régulière d’un mètre, également perçue sur les carreaux de sol. Ceux-ci, en marbre rouge et noir, forment un sol foncé et coloré bien éloigné des revêtements neutres que Mounia Chaouni apprécie. Ces sols, elle n’y a cependant pas touché, ni d’ailleurs aux murs en briquettes de terre cuite, parce qu’ils sont, les uns comme les autres, typiques d’une époque. L’aménagement de la maison épouse d’une manière singulière les formes et les matériaux initialement pensés. Une corrélation admirable émane de l’ensemble. La cheminée est en granit noir, les placards en bois, le sol recouvert de tapis blancs.
La petite piscine d’origine a été agrandie et décalée au centre de l’espace vert. Elle occupe harmonieusement le jardin de cactées et de bambous. Le petit kiosque en extérieur est un des espaces préférés de Mounia Chaouni.
Ce kiosque ressemble beaucoup à son concepteur. On y retrouve une dalle en béton en X. Ces X se retrouvent également dans le travail des garde-corps, dans la porte coulissante de la cuisine, mais aussi dans les meubles qui appartiennent à Elie Azagury, comme la table extérieure dont les pieds forment des X en acier, la bibliothèque de l’espace de travail et le bureau. Cet espace de travail était auparavant fermé avec de grands rideaux. L’architecte en a fait un séjour ensoleillé avec le bureau et la bibliothèque que lui a légué l’ancien maitre des lieux.
Architecte : Elie Azagury
Rénovation : Mounia Chaouni
Par Ahmed BELAMINE
© Stefano BERCA
Paru dans A+E Architecture et Environnement au Maroc 2013