L’architecture minérale du futur musée Jean Cocteau décline le thème méditerranéen du portique devant les façades. En effet, cette avancée de toiture sur 1,50 m soutenue par une colonnade de pans de murs aléatoires de 50 cm d’épaisseur tout autour des façades vitrées jouera un rôle de protection solaire important mais aussi de passage couvert pour les piétons.
Le projet couvre une superficie totale de 2.700 m², accueille toutes les oeuvres offertes par Severin Wunderman sur une zone du site de 5036 m² et une aire de bâtiment de 1656 m². Le site renforce la relation entre le centre de la ville et son front de mer. Décider de construire sur ce site, contre toute attente, sur le parking souterrain et en face du marché du XIXe siècle, exige que nous options pour la solution la plus simple dans une certaine mesure, démontrant plus de l’obéissance.
À l’est, sur l’entrée principale, cette avancée couverte est de 5 mètres et délimite le seuil du musée sur le parvis dans une transition douce entre l’extérieur et l’intérieur. La façade ouest, la plus soumise aux échanges thermiques, est aussi la façade la moins longue et les apports solaires rasants y seront aussi tempérés par le portique de béton blanc autoplaçant.
La lumière zénithale est excellente pour les lieux d’exposition et les apports en lumière naturelle des façades sur les oeuvres seront tamisés par les portiques, presque en second jour.
Un parvis et un jardin sont créés. Le toit du musée dresse un tableau allégorique, ses lignes sont visibles le jour ainsi que la nuit. L’idéalisme romantique plein de l’immeuble doit être apprécié; il est là où il est parce qu’il ne pouvait pas être ailleurs, il a trouvé sa place dans une perspective environnementale.
Le musée accepte sa propre image, sa transparence suscite la curiosité du spectateur, à travers le dessin dans ce qu’elle révèle. Il a été nécessaire de créer une atmosphère de transport la pleine force de l’opposition diamétrale entre la lumière et l’obscurité, ce jeu d’ombres provoquant ainsi « l’émotion nous inspirant à voir, croire, penser et rêver », selon les mots de Henri Alekan, directeur de la photographie pour La Belle et la Bête.
La vision poétique de Cocteau juxtapose souvent lumière et obscurité dans ses films, avec des surfaces et des profondeurs fixées les unes contre les autres, pleinement conscient du rôle psychologique de la lumière et de l’ombre pour le sentiment et la connaissance. Ces ouvertures apportent la lumière naturelle dans le bâtiment, filtrée par les vitres teintées. Royaume des rêves et des mystères, de contrastes et de dépouillement, l’imbrication des ombres reflète finalement les contradictions de la vie et les oeuvres de Cocteau.
Architecte : Rudy Ricciotti
Par Rudy RICCIOTTI
© Olivier AMSELLEM, Eric DULIÈRE
et Lisa RICCIOTTI
Paru dans A+E Architecture et Environnement au Maroc