Prix d’Or : Combinaison de la tradition spirituelle et des connaissances modernes au Niger
Savoir, c’est pouvoir. Avec leur projet, Mariam Kamara et Yasaman Esmaili des Etats-Unis, ont l’intention de créer une plateforme pour transmettre ce savoir aux habitants de la région autour du village de Dandaji au Niger. Elles proposent de transformer une mosquée en bibliothèque. Une nouvelle mosquée dans le voisinage immédiat est destinée à relier la tradition spirituelle au développement technique moderne. « L’engagement étroit avec le tissu social et bâti du village crée une réinterprétation intelligente de la tradition, qui correspond très bien au contexte du projet », a déclaré le jury.
Prix d’Argent : Promouvoir les compétences commerciales traditionnelles au Maroc
Fatima-azzahra Bendahmane du Maroc propose un complexe multigénérationnel à Aït Benhaddou au Maroc pour la formation des jeunes et la promotion des compétences manuelles locales. Le bâtiment, qui sera construit avec les méthodes et matériaux traditionnels les plus simples, abrite une école pour enfants et un centre de formation artisanale. « En incorporant explicitement les traditions artisanales que le projet cherche à promouvoir, la construction du bâtiment s’inscrit parfaitement dans le programme proprement dit », a déclaré le jury.
Prix de Bronze : école pour les réfugiés au Liban
D’innombrables enfants syriens habitent actuellement dans des camps de réfugiés au Liban. Joana Dabaj, Riccardo Conti et Matteo Zerbi de CatalyticAction au Liban visent à s’occuper de ces enfants en les aidant à se préparer à leur nouvelle vie après leur déménagement. Ils proposent de transformer un pavillon abandonné de l’Expo 2015 à Milan en une «école» pour enfants dans la colonie de tentes improvisée de Jarahieh Informel à El Marj, au Liban. « Le projet offre non seulement un espace pour l’éducation, mais aussi un environnement digne, constituant une source de fierté pour la communauté qui a contribué à la construire », a salué le jury.
Prix de reconnaissance : Améliorer la vie des gens
Quatre projets de chaque région reçoivent un prix de reconnaissance. Wonjoon Han, Sookhee Yuk et Gahee Van de la Corée du Sud ont développé de nouvelles structures architecturales pour améliorer la viabilité de la transformation du beurre de karité au Ghana. L’équipe de TAMassociati de l’Italie donne au continent africain une voix artistique qui sera entendue dans le monde entier grâce à son bâtiment pour Maisha Film Labs à Kampala, en Ouganda. Sur le campus de la Fondation Miracle for Africa à Lilongwe, au Malawi, Steven Holl des Etats-Unis propose la construction d’une nouvelle bibliothèque par la main-d’œuvre locale. Enfin, Andrew Amara de l’Ouganda prévoit un nouveau service pour les enfants dans le Center of Nodding Disease à Odek, en Ouganda.
Prix de la Prochaine Génération: L’avenir est entre leurs mains
Le premier des quatre prix de la Prochaine génération dans la région est allé à Heidi van Eeden de l’Afrique du Sud. Elle développe de nouvelles méthodes durables de fabrication de briques dans le township de Soshanguve, en Afrique du Sud. Le deuxième prix a été décerné à Nour Madi, Jad Melki et Ghaith Abi Ghanem du Liban. Ils étudient les moyens de reconstruire la ville d’Aleppo en Syrie, qui a été ravagée par la guerre, en utilisant les décombres des bâtiments détruits. Nada Nafeh de l’Egypte a reçu le troisième prix dans cette catégorie. Avec son projet, elle vise à améliorer les conditions de vie dans les colonies improvisées au Caire. Le quatrième prix est allé à Noor Marji de la Jordanie. Elle propose un centre d’apprentissage monumental en terrasses à Amman, en Jordanie.
Du projet à la réalité au Burkina Faso
Beaucoup de projets primés finissent par être construits ou produits – plus de la moitié des projets primés des quatre cycles de concours précédents ont été construits ou le seront dans un proche avenir. Ce fait est souligné par la «LafargeHolcim Better Building Recognition», qui est décernée pour la première fois en 2017. Elle honore un projet primé d’un cycle de concours précédent qui est un exemple particulièrement réussi de construction durable, a été construit et a résisté à l’épreuve du temps. Dans la région Afrique– Moyen-Orient, cette distinction est allée à Francis Kéré de l’Allemagne pour son bâtiment scolaire au Burkina Faso, qui a remporté le prix d’Or mondial des LafargeHolcim Awards en 2012. Dans son discours motivant et sincère prononcé lors de la cérémonie de remise des LafargeHolcim Awards à Nairobi, Francis Kéré a affirmé que la construction durable exige une attitude qui va bien au-delà de la conception en soi et fait une différence pour les générations futures.
Source : communiqué de presse
Interview Fatima-azzahra BENDAHMANE
Architecte
Fatima-azzahra Bendahmane est architecte diplômée de l’École nationale d’architecture de Rabat (ENA). Après un Master de
l’Université polytechnique de Catalunya en design passif, elle entreprend le Certificat des classes pilotes en Climattop : CLIMAT ADAPTATION IN URBAN PLANNING au sein de la même université.
Après avoir collaboré avec un grand cabinet d’architecture espagnol elle fonde, il y a deux ans, Ecoactiva, une structure qui opère qui entre Casablanca et Barcelone dans les domaines de l’urbanisme durable, le design passif et actif, les smart building et les études d’optimisation énergétique. Fatima-azzahra Bendahmane est membre fondateur et secrétaire-générale du collectif citoyen d’expert WE SPEAK CITIZEN, qui œuvre dans le portage associatif .
Comment vous est venue l’idée de participer à cette compétition ?
Ftaima-azzahra Bendahmane : « Lafarge Holcim Awards a toujours été une aspiration pour moi. C’est une opportunité pour tout architecte de démontrer le pouvoir de l’architecture de créer une interaction positive entre l’homme et son environnement. Le « thinking process » à propos de ce projet a fait que l’idée de le présenter à cette compétition est venue naturellement ».
Quelle est l’idée principale portée par votre projet ?
F.A.B : « Ce projet fait partie d’une vision d’éco-village durable à Ait Benhaddou s’étalant sur une vingtaine d’hectares et compose avec le contexte. Sa conception tient compte de plusieurs paramètres comme le patrimoine culturel, l’environnement, le climat et le milieu social. Il permet de mettre les métiers locaux dans des cycles de production générateurs de revenus. Il prend en compte l’optimisation énergétique aussi bien durant la construction que durant le cycle de vie du bâtiment ».
Qu’est-ce que le jury a apprécié dans votre approche ?
F.A.B : « Le jury a apprécié particulièrement l’implication de la communauté dans le projet, l’esthétique et la modénature du bâtiment, qui conjugue modernité et savoir-faire ancestral ainsi que le travail de recherche climatologique et son impact sur la conception du bâtiment et l’environnement ».
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°154 – Octobre 2017