La genèse architecturale du projet « Villa Julia » est très simple. L’idée est de construire une grande boîte en verre au coeur d’un verger de cerisiers, dans laquelle tous les murs bougent ! La maison est transparente, elle ne possède ni rideaux ni volets et se situe au bord de la route de Rognes, dans le sud de la France.
La maison bénéficie d’une isolation ultra performante, ce qui la classe dans la catégorie A pour le bilan énergétique. Cette construction reçoit un très haut niveau d’énergie solaire, ce qui permet de chauffer l’ensemble des pièces de manière écologique. L’architecte a désiré avoir plus d’espace, de lumière et de paix en s’exposant face à la nature et aux arbres, afin de créer une atmosphère californienne dont l’inspiration lui est venue des beaux paysages agricoles ouverts en Provence.
L’empreinte de la maison au sol est de 260 m2 avec un espace de vie de 150 m2 seulement, séparé par une entrée couverte donnant sur un bureau de 40m2. Afin de bénéficier d’une efficacité énergétique maximale, plusieurs choix ont été calculés afin de diminuer les apports solaires en été et gagner de l’énergie durant l’hiver. Plusieurs systèmes ont été mis en place :
1. Toiture blanche
2. Isolation par aérogel (imprégné en fibre de carbone)
dans le plafond
3. Double vitrage solaire avec gaz argon et Purenit® dans la base de la fenêtre.
4. Grands et vieux cerisiers caducs procurant de l’ombre
en été et du soleil en hiver, et grands chênes au sud
5. Coussin d’air dans le vide sanitaire sous le plancher
6. Rails extérieurs pour les rideaux blancs en été
7. Convection d’air en ouvrant la fenêtre du plancher
8. Plancher chauffant alimenté par une pompe à chaleur (réversible)
9. Mur de pierre au nord 14.
Les fenêtres sont grandes, 4m x 2,7m, avec des cadres de 2 cm en largeur, fournis par une société suisse. Quatre rails sont reliés ensemble de sorte que 14 m de baies peuvent être ouvertes en une seule fois. Un rail aérien a été prévu dans la chambre à coucher pour un futur rideau, puisqu’il n’y a que deux voisins : l’un qui ferme ses volets vers 20h et l’autre qui vit loin de la maison.
L’architecte et son mari préfèrent voir les étoiles en plein écran. Il n’y a donc pas de pièces fermées, sauf pour une salle de bain avec un mur rose en verre Kapilux. Un grand mur en marbre Pinta Verde de 2 cm d’épaisseur, sépare la cuisine de la salle de séjour. Le coucher du soleil illumine merveilleusement la paroi translucide sans cadres. En effet, ceux-ci sont encastrés dans le plancher ou le plafond. Les prises de courant sont également encastrées dans le sol.
Des images multimédias peuvent être projetées en plein écran sur le mur sud, reflétant encore ses effets sur les fenêtres adjacentes pour un rendu cinématographique spectaculaire!
La maison dispose d’une grande autonomie : une fosse septique, l’eau qui provient des gorges du Verdon, un potager ainsi que de nombreux arbres fruitiers et d’autres qui seront plantés ultérieurement.
Mais simplicité ne rime pas forcément avec facilité, et le projet a fait intervenir 5 ingénieurs. Il y a d’abord eu des travaux sur des prototypes de maisons de verre. Le hic étant que tous les murs devaient bouger. Le projet n’est pas un style mais une idée sur la vie à notre époque. La maison devait donc être ouverte, efficace énergétiquement et multitâche car à la fois lieu de vie et de travail.
Julie SHURTZ a voulu considérer sa maison comme un lieu contemporain où la nature s’allie à l’architecture, entourée par la beauté des paysages du sud de la France qui fascine le monde entier. Quand on lui pose la question de savoir pourquoi avoir opté pour une maison en verre, Julie SHURTZ répond : « J’estime que le verre est le matériau de notre temps ».
Par Fouad Temsamani
© Julie Shurtz Muyldermans
Paru dans A+E Architecture et environnement au Maroc #Juillet – Septembre 2014