Abdelahad Fassi Fehri, Ministre de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville et Président du Conseil d’Administration de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine et la Réhabilitation des Bâtiments menaçant ruine, a présidé, le mercredi 30 janvier 2019, la première Session du Conseil d’Administration de l’Agence.
Cette session a revêtu une importance cruciale étant donné qu’elle va permettre la mise en place des structures organisationnelles de l’Agence et le démarrage de ses activités sur la base des moyens juridiques, humains et matériels nécessaires pour répondre aux attentes des acteurs et notamment en ce qui concerne la réhabilitation des bâtiments menaçant ruine et l’organisation des opérations de rénovation urbaine.
Lors de son mot d’ouverture le Ministre a souligné l’importance de la tenue de cette session de mise en place d’une Agence Nationale spécialisée dans la réhabilitation des Bâtiments menaçant ruine et l’organisation des opérations de rénovation urbaine d’une part, et l’administration de cette Agence par un Conseil d’Administration qui détermine ses orientations, sa stratégie et prend les décisions nécessaires relatifs aux volets administratif, financier et technique.
Il a rappelé également les réalisations et les programmes du Ministère qui ont contribué à l’amélioration des conditions de vie des citoyens et à l’accession à un logement décent. Il a aussi évoqué les contraintes et les dysfonctionnements liés à la réhabilitation de l’espace urbain notamment dans les tissus anciens ainsi que l’apparition des bâtiments menaçant ruine à cause de la vétusté des constructions, du manque d’entretien et du non-respect de la réglementation en vigueur. L’accent a été particulièrement mis sur les efforts consentis par le gouvernement concernant l’approbation de la Loi n°94-12 et son décret d’application relative aux bâtiments menaçant ruine et à l’organisation des opérations de rénovation urbaine qui a défini les responsabilités de tous les intervenants concernés et a mis en place des mesures institutionnelles pour éviter les dangers que représentent les bâtiments menaçant ruine et réhabiliter les tissus urbains.
Les missions de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine et la Réhabilitation des Bâtiments menaçant ruine
Ses missions portent, selon la Loi n°94-12, sur l’accompagnement technique et administratif des propriétaires des constructions et des Présidents des communes ainsi que l’exécution des travaux aux frais des propriétaires ou du syndicat et d’autre part, son rôle prospectif en matière d’étude et de définition des stratégies relatives aux plans de rénovation urbaine ainsi que la supervision de l’exécution des programmes et projets urbains visant à la réhabilitation des tissus et à l’intervention sur les bâtiments menaçant ruine. Un ensemble de décisions relatives au règlement intérieur de l’Agence, à son statut du personnel, au projet d’organigramme, à son plan d’action et son projet de budget au titre de l’année 2019 ont été approuvé lors de cette session.

« Destinée aux architectes et aux ingénieurs BTP, c’est d’une formation de pointe qui abordera, entre autres, le process de réhabilitation des quartiers délabrés »
Comment appréciez-vous la création d’une telle agence dédiée à la réhabilitation des bâtiments menaçant ruine?
Ahmed.Zouhair.Aouad : « «Le Maroc a commencé à donner de l’importance à la lutte contre le fléau des bâtiments menaçant ruine, qui est apparu vers la fin des années 80, et n’a cessé de s’aggraver, durant la présente décennie en menant quelques actions dans le cadre du programme HMR telles que le recensement ou encore le conventionnement pour le financement de la réhabilitation de 27.000 bâtisses. Mais une des interventions les plus importantes, à mon avis, a été l’adoption, en avril 2016, de la Loi 94-12 relative aux bâtiments menaçant ruine et à l’organisation des opérations de rénovation, et ce dans le but de combler un vide juridique. Ladite loi prévoyait, de même, la création d’une agence dédiée à combattre un phénomène de grande ampleur qui touche plusieurs régions du Royaume.
J’estime, en conséquence, que la création de cette agence sera très utile pour la mise en place d’interventions intégrales qui puissent à la fois corriger la détérioration et les carences des bâtiments, améliorer les relations avec leur environnement urbain et les doter d’infrastructures et d’espaces publics de qualité ».
La préoccupation de bâtiments menaçant ruine nécessite une expertise que nous n’avons pas développée. Etes-vous en contact avec les responsables de cette agence?
A.Z.A : « Il me semble que les responsables de l’agence viennent d’atterrir car la première session du conseil d’administration a eu lieu en janvier dernier et avait pour objet de mettre en place les structures organisationnelles préalables au démarrage de ses activités. Nous avons, cependant, l’intention de prendre contact avec eux prochainement ».
Le tissu urbain espagnol a-t-il des similitudes avec le nôtre? L’approche serait-elle la même?
A.Z.A : « Absolument ! Le tissu urbain espagnol est similaire au marocain. Dans ce sens, il est à souligner que les grandes villes espagnoles ont connu, à partir des années 40 du siècle dernier, une forte croissance de leur population due à l’émigration rurale. Afin de couvrir les besoins en logement de cette population, il a été fait recours, dans un premier temps, à la densification des structures urbaines, et par la suite, à la construction de quartiers périphériques. A la fin des années 80, est apparu le phénomène des BMR et durant les années 90, les premières politiques visant à résoudre cette problématique ont été prises par les autorités espagnoles. À partir de là, une expertise dans ce domaine a été développée ».
Quand allez-vous démarrer votre cycle de formation à destination des professionnels marocains du BTP afin de les accompagner dans leurs études et diagnostics?
A.Z.A : « Nous lancerons en automne prochain, en partenariat avec l’Université de Grenade (UGR) à travers sa Fondation Générale Université de Grenade-Entreprise (FGUGREM), une formation diplômante intitulée « EXPERT EN INGENIERIE DE REHABILITATION, RESTAURATION ET CONSERVATION D’EDIFICES ET DE MONUMENT ». Destinée aux architectes et aux ingénieurs BTP, c’est d’une formation de pointe qui abordera, entre autres, le process de réhabilitation des quartiers délabrés ».
Pensez-vous, comme en Europe et particulièrement en Espagne, qu’on exigera ou favorisera les professionnels (architectes, ingénieurs …) ayant obtenu cette expertise pour mener à bien leurs missions?
A.Z.A : « J’en suis persuadé. Ceci se fera d’une manière progressive, c’est-à-dire, on favorisera dans un premier temps aussi bien les professionnels comme les sociétés ayant cette expertise, et par la suite, on exigera aux soumissionnaires de fournir leurs références dans le domaine de la réhabilitation. Aujourd’hui, la spécialisation, la formation continue et la formation post-grade sont de plus en plus nécessaires dans tous les domaines de connaissances, y compris celui de la réhabilitation ».
*Ahmed Zouhair AOUAD est consultant, Responsable du Pôle Conseil et membre fondateur d’ÁNFORA TERRA, S.L., qui est une société basée à Grenade et spécialisée dans le marché marocain. (www.anforaterra.com)
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°169 – Février 2019