Avec environ 30% de la consommation énergétique mondiale, le bâtiment (secteurs résidentiels et tertiaires confondus) est en tête de liste devant l’industrie et le transport. Depuis déjà plusieurs années, les architectes et les bureaux d’études oeuvrent en coordination avec les professionnels du BTP pour construire des bâtiments moins énergivores, de par leur conception et la sélection de matériaux innovants.
Pourtant la courbe de consommation électrique ne cesse de croitre au même rythme que notre population, étant de plus en plus nombreux à accéder rapidement aux biens de consommation courant et électroménagers.
Moins consommer d’énergie devient une priorité pour tous, le facteur économique étant le plus souvent le moteur, et l’écologie la voie idéale du bien commun.
C’est ici qu’entre en scène la notion de gestion technique du ( GTB), terme technique souvent réservé aux professionnels pour les infrastructures de grande envergure, et plus connu sous le terme grand public de domotique dans son usage résidentiel.
Depuis plus de 20 ans, les grands acteurs européens du domaine de l’appareillage électrique se sont unifiés afin de mettre en place un « standard » commun de communication, regroupant des protocoles variés dotés d’une grande fiabilité, principalement issus du tertiaire et de l’industrie tels que EHS, EIB…
Ce STANDARD désormais leader mondial est le KNX. Pour simplifier, le KNX est aux bâtiments ce que l’IP et Internet sont ont aux ordinateurs… Un moyen de communiquer entre tous, de façon unifiée avec un langage commun, ouvrant des possibilités illimitées.
Le KNX, présent sur les cinq continents, fort de toutes les certifications et normes électriques mondiales c’est imposé rapidement aux près de professionnels du marché et des utilisateurs finaux, qui ont saisi, chacun à leurs niveaux, les avantages d’une telle solution globale. Il a plusieurs atouts.
Pour les fabricants et concepteurs tout d’abord
Ouverture
Le KNX n’est pas un système dit fermé ou propriétaire (comme tant d’autres). Tout fabricant ou développeur d’équipements et de solutions, peut se procurer le cahier technique, et ainsi développer ses propres produits pour obtenir la certification, en respect des exigences de fiabilité, de sécurité et de totale compatibilité avec les autres équipements KNX.
Libre de droits
A ce jour plus 400 fabricants (100% compatibles entre eux) à travers le monde, pour ne citer que les plus connus : Hager, ABB, Schneider, Siemens, Jung…(+ de 100 Milliards € de CA cumulés) ont rejoint l’organisme KNX. Soit plus de 8000 produits qui sont certifiés par des laboratoires indépendants et qui ne sont pas soumis à des licences ou redevance, les fabricants étant donc libres de les commercialiser sans nuls coûts additionnels autres que la certification
initiale.
Pour les architectes, bureaux d’études et prescripteurs
Sécurité
Il est l’un des rares, pour ne pas dire unique, système de gestion dont tous les composants sont testés par des laboratoires indépendants des fabricants, avant d’avoir une certification et approbation de mise sur le marché, (www.knx.org) et répondant aux normes électriques mondiales.
• Norme Internationale (ISO/IEC14543-3)
• Norme Européenne (CENELEC EN50090
and CEN EN 13321-1 and 13321-2)
• Norme Chinoise (SAC / GB/T 20965)
• Norme US (ANSI/ASHRAE 135)…
Fiabilité
Avec plus de 20 ans d’existence, le protocole européen KNX est le plus utilisé dans le monde. Largement installé dans les environnements industriels, d’hébergements et tertiaires de grande envergure, sa fiabilité de part son intelligence répartie et décentralisée, est optimale. Les composants d’une installation, nommés communément participants sont divisés principalement en deux grandes familles :
• Les actionneurs : contrôle des lumières, motorisations, climatisations, chauffages… qui exécutent les ordres reçus.
• Les commandes : interrupteurs, détecteurs (luminosité, mouvement, présence, température, humidité…), écrans tactiles, smart-phones, voix… qui
donnent les ordres.
Si l’un des composants venait à défaillir, cela n’entraverait en rien le bon fonctionnement des autres participants, car ils sont totalement indépendants avec leur propre intelligence. Ce qui n’est pas le cas de certains systèmes ou tous les éléments sont reliés à une carte électronique centrale qui, si elle venait à tomber en panne, mettrait toute l’installation hors d’usage. C’est la raison pour laquelle le KNX est communément prescrit en Europe dans les aéroports, gares, stades, centres commerciaux, hôpitaux…
Economies structurelles
Dans le cadre d’installations électriques récentes, que ce soit dans le tertiaire, l’industriel ou le résidentiel, des fonctions dites “groupées” sont de plus en plus préconisées par les BET Techniques et/ou Electriques. (Ex : Eteindre d’un point central toutes les lumières d’une pièce, d’un étage, d’une résidence…
Fermer tous les volets roulants depuis un interrupteur. Mettre hors tension toutes les climatisations…) Bien que ces fonctions soient seulement dans quelques cas réalisables en traditionnel, une installation de ce type nécessite de grandes quantités de câblage supplémentaire face à une mise en oeuvre en KNX. De surcroit en résidentiel, en moyenne, un système KNX nécessite environ trois fois moins d’interrupteurs.
De telles économies structurelles sont parfois si grandes en KNX, qu’elles concurrencent largement les coûts d’une mise en oeuvre conventionnelle.
Pour exemple, en tête de lit d’une suite d’hôtel de très haut standing (5* et plus), ou il est prescrit les fonctions suivantes de part et d’autre du lit :
• On/Off Liseuse et/ou Prise commandée
• On/Off d’un éclairage de circulation et/ ou salle de bains
• Variation de la lumière principale
• Ouverture/ Fermeture rideaux et/ou black out
• Affichage DND (do not disturb)
• Appel MUR (make up my room)
Il va sans dire qu’en traditionnel cela représentait jadis une multitude de câblages, fourreaux et interrupteurs, tandis qu’en KNX, une seule, voire deux commandes programmables suffisent de part et d’autre du lit, reliées entre elles par environ deux mètres de câble bus.
Au delà des économies de fournitures et main d’oeuvre, les prix des composants KNX n’ont cessés de baisser depuis 10 ans et ne sont plus réservés aux grands projets ou hébergements de luxe. Son prix moyen au m2 est désormais souvent inférieur aux prix de revêtements de sols, ce qui le rend désormais accessible également au marché résidentiel de tout standing.
Pour les promoteurs, maîtres d’oeuvres et clients
Économies d’énergies
Les économies d’énergies sont variables bien évidemment en fonction du type de bâtiment et des usages courants des utilisateurs… Toutefois, après presque vingt années d’expériences dans le domaine, l’organisme KNX, au travers de nombreux projets qui ont fait l’objet de monitoring et comparaisons de la consommation sur des bâtiments rénovés ou neufs, a enregistré des baisses moyennes significatives dans des installations gérées partiellement ou totalement en KNX (Cf: Energy-Efficiency-With-KNX / www.knx.org) comme suit :
• Tertiaire (Bureaux, administrations) : + de 50% env
• Tertiaire (Enseignement, hôtellerie) : + de 50% env
• Résidentiel individuel : 35-50% env
• Résidentiel collectif : 35-50% env.
• Industriel : 10-30% env.
• Urbanisme : 2-3% env.
Indépendance et flexibilité
Avec plus de 80 000 programmeurs dans le monde (répartis sur 190 pays), et 470 centres de formations répartis sur les cinq continents, le KNX est le premier éco-système en Gestion Technique de Bâtiment.
Les programmeurs sont certifiés aux travers d’examens théoriques et pratiques.
Un seul logiciel professionnel (ETS) pour programmer tous les matériels KNX quelque soit le fabricant.
Les certifications sont délivrées directement par l’organisme KNX et l’ensemble des programmeurs sont regroupés dans une base de donnée mondiale, ce qui permet au client de vérifier si nécessaire la pertinence des intervenants sur son projet et de ne pas être dépendant ad vitam d’un unique installateur pour sa maintenance.
Confort et simplicité
Un confort inégalé avec une grande simplicité d’utilisation. Une multitude de design et de styles d’interrupteurs, du plus “rétro” aux plus modernes, et même personnalisables à volonté, sur les quels un simple bouton permet une fonction centralisée telle qu’éteindre toutes lumières, ou encore fermer tous les volets roulants simplifie grandement la vie de tous les jours, tout en générant des économies d’énergies sans effort.
En traditionnel, si vous désirez modifier la fonction ou l’emplacement d’un interrupteur, il vous sera nécessaire de reprendre des travaux tant sur votre installation électrique que de maçonnerie et peinture, et ce pour un délai et des coûts financiers non négligeables.
En KNX, changer, grouper, séparer les fonctions d’un interrupteur ne prennent que quelques minutes, sans travaux, pour un coût totalement insignifiant au regard d’une installation traditionnelle.
De plus, dupliquer ou étendre une fonction au sein d’une installation KNX est parfaitement possible (Exemple de scénario : Commander tous les volets roulants depuis deux, ou plusieurs endroits de votre résidence, ou encore avoir un interrupteur qui passe toutes les climatisations en mode éco, et
éteint toutes les lumières et prises commandées…).
Pour conclure, il est possible désormais d’associer sans contraintes, confort, fiabilité, durabilité, simplicité d’utilisation et économies d’énergies au sein d’un bâtiment, sans qu’il soit nécessaire pour l’usager de faire des sacrifices ou des concessions. Être Eco-responsable tout en améliorant sa qualité de vie, telles sont les possibilités qu’offre le KNX.
Alexandre Tichit
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°175 – Août/Septembre 2019