Le projet Asni co-habitations, qui est une forme de « case study », explore à travers la réalisation de cinq maisons dans un territoire agricole, des formes nouvelles de domesticité et de cohabitation. Ici, contrairement à un contexte urbain où le site est déterminé, il s’est agit de fonder le site. Cette approche primordiale a été l’occasion d’une recherche de l’échelle domestique.
House 1 + 2 : Domestiquer la ligne
La ligne n’est pas une forme domestique. Elle n’inclut pas, elle cerne. Face à la montagne, ces deux maisons habitent la même épaisseur. Cette ligne, de 7 mètres d’épaisseur et d’une longueur de près de 160 mètres, est une forme territoriale supra-domestique. Elle offre le même rapport à la vue et au paysage pour chacune des maisons et fabrique une forme d’intimité étrange et ténue.
De l’épaisseur d’une pièce, les maisons sont fabriquées comme un chapelet de pleins et de vides qui invite la ferme à traverser l’espace domestique. Cette structure territoriale remet en cause les codes de la domesticité. Les seuils entre public, commun, privé et intime, n’existent plus uniquement dans un rapport à l’avant et à l’arrière, mais se résolvent de manière graduelle le long de la ligne.
De la matière
L’ensemble des maisons sont fondées dans leur site sur un socle en béton armé qui émerge du sol. Sur ce socle se disposent des volumes distincts et c’est à l’interface entre socle et murs que se glissent les ouvertures qui apparaissent autant comme des pleins que comme des vides. Les socles en béton de 80cm d’épaisseur permettent de travailler l’épaisseur du « poché ». Cette manière d’utiliser le béton de fondation et superstructure est aussi une manière de marquer le territoire avec des traces qui sont de l’ordre du paysage plus que de l’architecture.
KILO ARCHITECTURES
© Luc BOEGLY & Linna CHOI
Paru dans A+E Architecture et Environnement au Maroc