Au Maroc, contrairement à beaucoup de pays développés, les autorités ne se soucient guère du confort procuré dans les logements produits pas les promoteurs immobiliers tant publics que privés. En effet, dans ces pays la satisfaction des habitants vis-à-vis de leurs logements est réellement analysée par des baromètres qui donnent des indices comparatifs d’une année à l’autre. Ces études de référence portent sur des aspects autres que quantitatifs.
Certes, dans notre pays, il y a les enquêtes logements qui de temps en temps font le point sur l’habitat national en termes de nombre de chambres, de salles de bains, de WC etc., mais ne s’intéressent que très peu ou pas du tout à l’aspect qualitatif. La question reste encore posée : les marocains d’aujourd’hui sont-ils plus ou moins satisfaits de la qualité de leur logement que l’étaient leurs parents ?
Nul ne le sait sans enquête approfondie. Cependant, contrairement aux enquêtes des pays matures dont les résultats font unanimement ressortir que les logements qu’ils habitent actuellement donnent de meilleures satisfactions à leurs usagers, il me semble qu’au Maroc, une étude sérieuse démontrerait sans doute que la qualité des logements actuels ne soutiendrait pas la comparaison avec les beaux édifices d’antan.
Les logements du siècle passé ont été construits à une époque où il n’y avait ni cadre technique ni réglementaire, mais ont été réalisés par des artisans et entrepreneurs qui connaissaient et respectaient les règles de l’art. Or, à l’instar de la catastrophe que connaît actuellement le secteur de l’éducation nationale qui fait qu’un bachelier actuel n’ait pas le niveau et la qualité d’expression et de bilinguisme d’un détenteur d’un certificat d’études d’il y a à peine 30 ans (l’Istiqlal est passé par là), les maçons, carreleurs et autres staffeurs manient le mortier comme des aveugles la dentelle en point de croix.
Comment remédier à cette situation ?
Il n’y a pas de secret, la mise en place des normes, et surtout leur application qui va directement contribuer à l’amélioration de la qualité de vie dans les logements. Sans tomber dans une « normocratie » malsaine, il faut mettre en application celles qui ont le plus d’impact direct sur notre bien-être : bruit, ventilation, isolation etc.
Et pour faire appliquer ces normes, il ne faut pas chercher la coercition mais bien au contraire privilégier les mesures incitatives comme celles pour résorber les « passoires thermiques », ces logements mal isolés et énergivores. Un crédit d’impôt centré sur certains travaux devrait être une priorité de nos gouvernants. Ils ont tout à y gagner.
Ce point est ressorti lors des exposés des professionnels à la 12ème édition de l’événement annuel qu’a organisé Archimedia courant juillet 2017, portant sur « LE CONFORT DANS L’HABITAT ». Seront-ils entendus ?
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°154 – Octobre 2017
Fouad Akalay
