Au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron sur une forte relance du nucléaire, le Réseau de Transport d’Electricité (RTE) abonde sa prospective pour la transition énergétique de la France avec de nouveaux scénarios dédiés à la sobriété, condition indispensable à la transition. Analyse.
Publiés le 16 février 2022, les compléments du rapport RTE montrent que la réduction de la consommation associée à la réduction des pertes énergétiques résultant de l’équilibrage des scénarios, permettent d’éviter 100 à 120 TWh de production d’électricité dans le scénario sobriété. Par rapport au scénario de référence, le besoin de nouvelles capacités flexibles est également réduit d’environ 15 GW .
Dans son analyse économique, RTE estime que des modes de vie plus sobres permettent de baisser de 10 à 15% les coûts du système électrique par rapport à la trajectoire de référence. Ainsi le choix d’un scénario sobre ou non a un impact économique plus important que celui entre un mix de production 100% EnR et un mix avec relance du nucléaire. La sobriété est donc le levier principal de baisse des coûts pour le système électrique, et donc des factures, avant même le choix d’un mix de production.
Le scénario 100 % EnR plus compétitif
RTE montre également que cette baisse du coût est plus importante pour les scénarios 100% EnR, plus compétitifs que les autres scénarios. Il est toutefois regrettable que les nouveaux ajouts publiés par RTE n’estime pas le gain supplémentaire que permettrait la ré-optimisation économique du mix de production énergies renouvelables au regard de la baisse des besoins mentionnée dans le scénario sobriété.
En définitive, adopter des modes de vie plus sobres est aussi synonyme de réduction de nos besoins, et donc de baisse du nombre de sites de production et de consommation d’espace, de matériaux (-30% pour les métaux et -20% pour les autres matériaux comme le béton selon RTE) et de ressources utilisées. Il en résulte une réduction drastique de la pression des activités humaines sur l’environnement et donc de notre impact global.
Repenser nos modes de vie
Une fois de plus, avec ces scénarios, la nécessité de changer nos comportements vers plus de sobriété pour une transition juste est mise en avant. Dans un contexte où les ressources naturelles sont limitées, s’engager dans une trajectoire de sobriété consiste à nous questionner sur nos besoins et à les satisfaire en limitant leur impact sur l’environnement. Ce sont donc les modes de vie dans leurs dimensions individuelles et collectives qui sont en jeu, associés à des mesures d’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables.
Penser l’avenir en sortant du seul prisme de l’augmentation de la production, rechercher une sobriété organisée collectivement et créer un débat démocratique sur le modèle de société pour demain : autant de chantiers incontournables et décisifs pour les prochaines années, auxquels le CLER-Réseau pour la transition énergétique entend bien contribuer.
Article publié sur Construction21 France
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