La 4ème édition du festival du bâtiment Building Beyond, qui a pour titre « La décennie décisive », se tiendra du 20 au 25 septembre 2021. La journée du 21 septembre sera consacrée à l’enjeu de la préparation du temps long des villes et des territoires. La transition environnementale doit en effet se penser dans un monde vieillissant, tant du point de vue des populations que des infrastructures.
En 2030, les baby-boomers nés en 1945 auront 85 ans et les plus de 65 ans constitueront le premier groupe d’âge dans de nombreux pays. Le patrimoine urbain pose des enjeux inédits de maintenance, de renouvellement et d’adaptation aux nouveaux usages. Comment les villes peuvent-elles anticiper ces défis ?
Préparer le temps long des villes et des territoires : utopie ou réalité ?
Les villes et les territoires font face à des évolutions rapides, notamment démographiques, mais aussi climatiques, ce qui soulève de nombreuses questions quant au devenir de nos lieux de vie sur le long terme.
Les zones urbanisées sont notamment soumises :
- A une augmentation du nombre d’habitants.
- A un double vieillissement : celui des infrastructures et des bâtiments, ainsi que celui de la population.
- Aux phénomènes climatiques, qui peuvent endommager les espaces bâtis tout comme les espaces naturels (sécheresses, intempéries, inondations, etc.).
Ces trois tendances mettent en lumière des enjeux de construction, de logement pour tous, d’accès aux services, de mobilité, mais également de maintenance du patrimoine urbain, de renouvellement et d’adaptation aux nouveaux usages.
Dès lors, comment assurer une qualité de vie convenable pour chacun, dans le respect de l’environnement ? Il est nécessaire d’avoir des villes et des territoires résilients, dont les infrastructures et les bâtiments seront capables de résister sur le long terme à des changements (notamment climatiques) de plus en plus rapides. Bien entendu, des infrastructures et bâtiments adaptés à une population vieillissante sont également essentiels.
Le témoignage de Stéphanie Leheis : « Il est plus que temps de réintroduire la question du temps long dans nos réflexions »
Stéphanie Leheis est urbaniste et chercheuse indépendante. Elle interviendra lors de cette journée dans la conférence « Imaginer le futur long des infrastructures de transport » :
« Il est plus que temps de réintroduire la question du long terme dans nos réflexions et d’inscrire nos pratiques d’aménagement dans une dynamique prospective, comme le fait la plateforme Leonard. Or, préparer le temps long des villes et des territoires demande de s’attaquer aux infrastructures. La question des infrastructures est en effet primordiale et soulève plusieurs enjeux :
- Les différences de temporalité. La ville et le territoire évoluent constamment. A l’inverse, les infrastructures sont plutôt considérées plutôt comme un objet statique, qui évolue peu. De plus, la conception des infrastructures demande beaucoup plus de temps que celle des bâtiments. Leur durée de vie est également plus longue. Toute la question est donc : comment concilier les deux ?
- La rareté de l’espace. Il y a de moins en moins d’espace en ville pour construire et les réglementations limitent de plus en plus l’étalement urbain. Cette situation complexifie l’aménagement et notamment la mise en place des infrastructures, qui nécessitent beaucoup d’espace.
- L’incertitude des évolutions des usages. Prenons l’exemple de la mobilité : aujourd’hui, deux tendances lourdes se manifestent. D’un côté, nous avons de l’hypermobilité (toujours plus vite, toujours plus loin). De l’autre, nous trouvons de la dé-mobilité, avec des réflexions autour du local et de la limitation de l’usage des transports. Or, nous ne pouvons pas dire comment ces tendances vont évoluer. Les infrastructures doivent donc pouvoir s’adapter pour répondre aux deux.
Aujourd’hui, nous commençons à comprendre que les infrastructures doivent sortir du champ des ingénieurs et être saisies par d’autre professionnels, comme les urbanistes. Il nous faut absolument gagner en transversalité dans la conception des infrastructures, afin de les rendre plus souple et plus adaptées aux réalités de la ville et du territoire. Il est également nécessaire d’introduire de la flexibilité dans les infrastructures afin de pouvoir les adapter facilement aux évolutions des usages. Cela peut se faire par le biais de deux leviers majeurs :
- Travailler sur l’infrastructure en elle-même en la faisant évoluer, en la requalifiant. Par exemple, il peut s’agir d’une transformation d’autoroute urbaine en boulevard urbain. Il est même possible d’envisager la suppression d’une infrastructure routière via l’enfouissement, afin de bâtir quelque chose de nouveau par-dessus.
- Travailler sur l’usage de l’infrastructure, la façon dont les personnes l’utilisent. Dans le cas mobilité, nous allons favoriser le développement du covoiturage, des mobilités décarbonées, des véhicules autonomes, etc.
Tout cela offre un panel de possibilités très larges pour bien adapter les infrastructures aux nouveaux usages et ainsi éviter leur obsolescence. Il faut prendre en compte le fait que les usages évoluent très vite et qu’il n’est pas toujours possible de prévoir leur évolution. Il n’y a qu’à voir tous les changements de mobilité induits par la crise sanitaire (développement du télétravail, augmentation de l’utilisation du vélo en ville, etc.). »
Une journée Building Beyond dédiée au temps long des villes
Programme de la journée :
- 10h – 11h : « Le bel avenir des ruines : quand les traces du passé inspirent le présent et le futur »
- 11h30 – 13h : « Contre l’obsolescence des infrastructures urbaines : faire durer, transformer, réorienter »
- 14h – 16h : « Robots, exosquelettes… À la rencontre des nouvelles équipes chantiers »
- 17h – 18h30 : « Peut-on bien vieillir en ville ? »
- 19h – 20h30 : « Imaginer le futur long des infrastructures de transport »
Le festival Building Beyond est organisé tous les ans par Léonard, plateforme de prospective et d’innovation du groupe VINCI. Cette année, l’édition du festival est dédiée à la décennie 2020-2030, dite “décennie décisive”. Il s’agira de revenir sur les enjeux centraux de la crise climatique, de faire le lien avec d’autres enjeux sociétaux tout aussi importants (tel que le vieillissement de la population et des infrastructures) et de montrer qu’il est possible d’adapter les villes et territoires d’ici 2030. Le festival se tiendra du 20 au 25 septembre, n’hésitez pas à vous inscrire !
S’inscrire à la journée « préparer le temps long des villes et des territoires » :
Article publié sur Construction21 France
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