Située au coeur du quartier résidentiel Souissi-Pinède, à Rabat, Villa pinède, cette résidence familiale est une composition de volumes rectangulaires simples, dans un développement horizontal qui respire sérénité et distinction. La villa Pinède pose une signature personnelle, reflétant de fortes convictions esthétiques. Son intégrité formelle, la simplicité et l’harmonie de ses proportions émanent de l’expérience et de l’esprit conceptuel subtil de l’architecte.
L’originalité de la composition de la villa Pinède vient enrichir le paysage architectural dans lequel elle s’intègre. Cette réalisation constitue une véritable réussite architecturale, vu le défi qui s’est présenté à l’architecte Taoufik El Oufir pour composer avec un contexte urbain particulier.
En effet, le quartier résidentiel du Souissi-Pinède se caractérise par la présence d’élégantes résidences d’époques et de styles différents, situées au milieu d’aménagements paysagers élaborés, dans de grands jardins privés.Simplicité, horizontalité et ampleur ont été les trois sources de l’élégance qui s’exprime indéniablement à travers la construction. La sobriété des décors ne laisse échapper aucun excès formel. Une certaine finesse est à l’oeuvre ici, soulignant le fait que le vocabulaire des formes épurées peut être le plus expressif des langages architecturaux. De là vient aussi une intégration discrète de l’oeuvre dans le paysage, une rétractilité qui met en valeur les espaces verts environnants.
La mise en oeuvre de l’ensemble se manifeste en deux volumes superposés. Les proportions et traitements de surfaces de ces volumes créent un saisissant contraste de masses, couleurs et textures. Le volume bas est représenté par un long parallélépipède habillé en marbre blanc et percé d’amples baies vitrées. Ces dernières donnent sur un vaste jardin et correspondent, à l’intérieur, à la réception et au séjour.
Le volume haut, rectangulaire, est habillé de fines baguettes en bois et posé de manière à donner naissance à deux porte-à-faux. Celui qui donne vers le jardin a une longueur impressionnante de 6 m et recouvre la terrasse de la réception. Se crée ainsi une tension des masses, amplifiée par le contraste entre la surface blanche du volume bas et celle vibrée, en bois, de l’étage. Cette composition architecturale est volontairement équilibrée, coté jardin, par le rectangle fin de la piscine qui se termine par un cadre en marbre blanc soutenant une pergola en bois. L’intérieur reprend le même scénario architectural qui régit l’ensemble de la maison.
La lecture aisée de l’espace donne la mesure de l’ampleur des volumes et de leur élégance. L’impression de continuité est exprimée dans le volume bas, depuis l’entrée, grâce aux différents espaces placés en enfilade, de part et d’autres d’une série de trois jardins intérieurs. L’aménagement intérieur, simple et structuré, porte aussi la signature de l’architecte. Il se caractérise par la dominance de trois matériaux qui créent un dialogue harmonieux : pierre blanche polie, bois et vitrage clair. Le mobilier reflète le penchant minimaliste de l’architecte. Son agencement met en valeur l’espace.
Le volume de l’étage est réservé à la zone de nuit, les chambres s’organisant autour d’un des jardins intérieurs et du vide donnant sur la réception. Le grand porte-à faux de l’étage abrite, sur toute sa largeur, la chambre à coucher des parents, avec sa large baie vitrée et la terrasse donnant sur le jardin. Contemporaine dans son aspect, la villa l’est aussi en ce qui concerne la conception écologique, puisqu’elle répond aux critères de durabilité.
Ainsi, les trois jardins intérieurs créent la ventilation naturelle des espaces et augmentent l’éclairage naturel. Cela réduit la consommation en chauffage, climatisation et électricité. La lustrerie et le matériel d’éclairage sont en LED reliés à la domotique de la maison. L’inertie thermique et la réduction des déperditions de chaleur sont assurées par l’isolation des murs, sols et dallages, ainsi que les fenêtres en double-vitrage. Les eaux pluviales sont récupérées et utilisées pour l’arrosage des espaces verts.
Architecte : Taoufik El Oufir
Par Ahmed BELAMINE
© Jean-Claude LAFFITTE
Paru dans A+E Architecture et Environnement au Maroc 2013