C42 Citroën Paris : un diamant 42 avenue des Champs-Elysées

Citroën est installée depuis 1927 sur la plus célèbre des avenues parisiennes, la marque automobile a choisi l’architecte Manuelle Gautrand pour rénover sa succursale 42, Champs-Elysées. Huit plateaux circulaires et pivotants, attachés à une structure verticale provenant de l’imagination de l’architecte, y livrent une véritable sculpture de voitures. Le dessin de la façade de verre d’origine est repris pour former un grand « origami » vitré. Une vitrine High Tech qui raconte soixante-dix ans de créativité.

Le C42 est avant tout une prouesse architecturale signée Manuelle Gautrand, étoile montante de l’équerre qui a déjà un beau palmarès à son actif. Cette architecte de renommée internationale a été choisie parmi six autres candidats à l’issue d’un appel d’offres. L’objectif de l’architecte a été de magnifier la voiture et sa présence dans le projet, en imaginant une sculpture centrale composée de huit voitures superposées. Cette sculpture est comme un présentoir géant autour duquel les visiteurs s’enroulent par une succession de paliers et d’escaliers qui les mènent jusqu’au sommet du bâtiment, d’où la vue est magnifique sur l’avenue.

Les voitures sont posées sur des plateformes circulaires tournantes. La sous-face en miroir facettée fragmente leur image ; une manière de démultiplier les véhicules présents, d’accentuer la verticalité du lieu et une certaine impression de vertige…

Autour de cette scénographie, l’enveloppe extérieure, d’une seule traite et toute de verre vêtue, raconte le double chevron, emblème de la marque. En façade, sur les Champs, l’enveloppe commence par un simple mur rideau plan et régulier, puis apparait le double chevron qui se développe de manière de plus en plus libre et inventive, jusqu’au sommet. La façade de verre se plie pour devenir un gigantesque « origami », teinté de films diaphanes blancs et rouges qui nimbent l’intérieur d’une lumière blanche et douce.

Ce chef d’oeuvre technique et esthétique est, à l’instar des bâtiments voulus par le fondateur André Citroën, un édifice autoporté. Non seulement, la construction n’est pas solidaire des immeubles voisins, mais la résille, comme une élégante voilette, est indépendante de la charpente métallique. Manuelle Gautrand a élaboré une résille de verre et d’acier de 86 T qui enveloppe littéralement le bâtiment. Sa surface vitrée de 650 m2 épouse les contours de la construction jusque dans l’arrière-cour.

Chaque facette – il y en a 19 – qui compose l’enveloppe vitrée est différente des autres. Le tout tient dans un gabarit de 30 m de hauteur (gabarit de tous les immeubles des Champs-Elysées) et 1 200 m2 de surface au sol. Cinq mois de travail ont été nécessairement pour assembler la résille de verre.

Cet édifice constitue une allégorie du design automobile. L’objectif de Citroën est clair : revenir au devant de la scène et montrer son savoir-faire profondément inscrit dans la culture française.

Le défi était d’autant plus grand que le site est soumis à une réglementation drastique. Mais les architectes des monuments historiques ne s’y sont pas trompés : le bâtiment de verre à la façade plissée, éloge aux célèbres chevrons Citroën, demeurera un témoin de l’architecture du XXIe siècle sur les Champs-Elysées.

Par Ahmed BELAMINE
© Philippe RUAULT
© Jimmy COHRSSEN

Paru dans A+E Architecture et Environnement au Maroc 2013